DISLAND - Projet ANR - 2021-2025

Inférer la dispersion des ravageurs dans les paysages agricoles pour améliorer la gestion préventive

  • Financement : Agence nationale de la recherche (ANR) ANR-20-CE32-0012
  • Projet : Les ravageurs de cultures sont une contrainte majeure à l’intensification écologique des systèmes de production agricole. La gestion intégrée des ravageurs (IPM) est une approche écosystémique qui combine différentes stratégies et pratiques pour minimiser l'utilisation des pesticides. Son implémentation nécessite une connaissance approfondie de la dynamique des populations de ravageurs et des processus écologiques sous-jacents pour optimiser les prises de décision. En particulier, l’intégration des processus de dispersion des ravageurs (e.g., dispersion active et passive, à courte et longue distance, assistée par l'homme et par les vents), qui conditionnent l’infestation saisonnière des cultures, ouvre des opportunités pour des interventions préventives (e.g., cibler les populations résiduelles) à des échelles spatiales et fonctionnelles pertinentes (e.g., le bassin de production). Caractériser les flux de populations de ravageurs à de multiples échelles est ainsi pivot pour faire évoluer les pratiques de gestion, basées sur des décisions individuelles à l’échelle du champ cultivé, vers une organisation collective et une coordination des actions à l’échelle des territoires. La conception d’une telle stratégie IPM nécessite cependant d’intégrer également les acteurs de terrain pour identifier les freins socio-techniques à ces innovations.
    • La difficulté à estimer la dispersion via des approches démographiques aux échelles spatiales pertinentes pour la gestion des ravageurs nécessite de s’appuyer sur une approche alternative, basée sur des données génétiques neutres. Dans ce contexte, DISLAND propose d’étendre les acquis de la génétique du paysage pour inférer les modalités de dispersion comme condition préalable à l'amélioration des stratégies de gestion intégrée des ravageurs. Une telle approche comprend l'évaluation de l'effet de la structure du paysage et des pratiques agricoles sur l'abondance spatiotemporelle du ravageur et sa dispersion active à courte distance, ainsi que le rôle de la dispersion passive à longue distance via les courants aériens et les flux de marchandises contaminées sur la dynamique d’infestation des cultures.
    • Pour cela, nous développerons des outils appropriés incluant : une technique de séquençage haut-débit rentable pour produire des milliers de marqueurs génétiques (SNPs)très informatifs pour un ou des milliers d'échantillons, une base de données dédiée pour assurer la gestion, la traçabilité et le partage de l’ensemble des données et, un simulateur multi-agents flexible permettant de modéliser les processus démo-génétiques dans les paysages. Nous implémenterons des suivis démo-génétiques intensifs du ravageur et l’acquisition de données pertinentes pour son écologie et sa gestion (structure du paysage, qualité des habitats, abondance relative et pratiques agricoles) dans des bassins de production contrastés (et au-delà, à l'échelle de la sous-région). Enfin, nous adapterons ou développerons des méthodes statistiques appropriées pour caractériser les relations entre la dispersion et la matrice environnementale et quantifier la variation spatiale et temporelle des paramètres démographiques clés pour la gestion des ravageurs (dispersion et taille de la population).
    • Cette approche sera conçue et appliquée à la mouche orientale des fruits, Bactrocera dorsalis, qui est un ravageur majeur des systèmes de production de mangues en Afrique de l’Ouest. L’ensemble des connaissances sur les modalités de dispersion de la mouche sera intégré dans un modèle de simulation spatialisé afin de représenter les interactions entre la dynamique des populations du ravageur et les actions des acteurs du système sociotechnique. Ce simulateur sera un outil privilégié pour une évaluation participative et la co-conception de stratégies de gestion optimisée des mouches des fruits. Cette recherche innovante fait le pont entre l'agronomie, l'écologie du paysage, la dynamique et la génétique des populations, et la socio-écologie.
  • Coordinateur : unité CBGP
  • Partenaires : unités Pathologie végétale, Biostatistique et processus spatiaux (centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur, Avignon) ; unités CBGP, TETIS (centre INRAE Occitanie-Montpellier) ; unités AIDA, HortSys (Cirad, Montpellier) ; unité ECGE (IRD-Gif sur Yvette)
  • Responsable pour l’unité : BERTHIER Karine
  • Durée : 2021-2025; 48 mois
  • Publications :