Virologie

Les virus phytopathogènes sont des parasites obligatoires associés à des maladies pouvant causer des pertes agricoles considérables en raison de leurs caractéristiques biologiques (gammes d’hôtes parfois larges, modes de transmission variés, grande diversité génétique et évolution rapide) et de la difficulté à mettre en place des mesures de gestion efficaces. Les phytovirus sont responsables à eux seuls de près de la moitié des maladies associées aux microorganismes affectant les végétaux.
Les activités de recherche de l’équipe sont principalement centrées sur l’étude des virus phytopathogènes affectant les cultures maraichères du bassin méditerranéen, notamment les solanacées (tomate, piment, aubergine), les cucurbitacées (melon, courgette, pastèque, concombre), la laitue et les cultures ornementales. Pour les cultures légumières, on estime leur fréquence d’apparition à un nouveau virus par an depuis ces 25 dernières années en France.

Notre équipe regroupe des compétences multidisciplinaires en virologie végétale, biologie moléculaire, métagénomique, épidémiologie, écologie, évolution, statistiques et modélisation spatio-temporelle.

Nos principaux objectifs sont de caractériser les viroses émergentes, d’estimer la diversité virale, de caractériser les processus écologiques, démographiques et évolutifs conduisant à l’émergence d’épidémies, et de développer des méthodes de lutte durables.

Les principaux modèles viraux étudiés sont le potato virus Y (PVY), le cucumber mosaic virus (CMV), le watermelon mosaic virus (WMV), le zucchini yellow mosaic virus (ZYMV) et le tomato spotted wilt virus (TSWV). L’émergence ou la ré-émergence régulière et successive de nouvelles espèces virales ou de variants viraux dommageables pour les cultures a conduit l’équipe à étendre son expertise vers d’autres modèles viraux, en particulier des virus transmis par aleurode comme le tomato leaf curl New Delhi virus (ToLCNDV) chez les cucurbitacées ou des virus transmis par pucerons chez d’autres espèces cultivées (pois de conserve). L’équipe s’intéresse également au rôle des bactériophages  dans l’écologie et l’évolution des bactéries phytopathogènes pour un développement en tant qu'agents de biocontrôle.

Pour mener à bien ces études, l’équipe Virologie dispose d’une large collection de virus et d’infrastructures adaptées : des serres avec différents niveaux de confinement (S2, S3) disposant d’agréments et des  parcelles expérimentales (en plein champ ou sous tunnels) gérées par le pôle installations expérimentales de la plateforme PROPHYLE  de l’unité, des élevages d’insectes vecteurs (pucerons, aleurodes), des laboratoires (étiologie, vection, sérologie) hébergeant des appareils essentiels en virologie (centrifugeuse et ultracentrifugeuse, hotte, broyeurs, lecteur de plaques de titration, spectrophotomètre…).
L’équipe s’appuie également sur le pôle  microscopie de la plateforme PROPHYLE   et les laboratoires et équipements hébergés par la plateforme régionale de biologie moléculaire (LBM) : thermocycleurs PCR et PCR quantitative, séquenceurs…
L’équipe s’investit dans le développement et la mise à disposition de packages R d’analyse et de simulation en épidémiologie : package  landsepi, permettant de simuler des épidémies dans le temps et l’espace en lien avec le déploiement de stratégies de lutte et/ou la structure du paysage agro-écologique ; package  mapi permettant de caractériser, sans a priori, les structures génétiques spatiales des populations et de les confronter à la structuration de l’environnement.

Les recherches de l’équipe Virologie s’insèrent dans les 3 axes thématiques  de l’unité :

Afin de mieux anticiper les risques associés aux viroses, l’équipe étudie les virus associés aux maladies émergentes, préjudiciables ou atypiques. Elle s’attache à identifier les espèces virales et à mieux caractériser leurs propriétés biologiques (gamme d’hôtes, transmission) et moléculaires (génome, phylogénie). L’équipe s’appuie sur le développement et l’utilisation d’un large éventail d’outils complémentaires : indexage biologique (inoculation mécanique ou biolistique, inoculation par insecte vecteur comme les pucerons ou les aleurodes), microscopie électronique à transmission, tests sérologiques (ELISA) et moléculaires (PCR, PCR quantitative, séquençage classique, séquençage haut débit). En fonction des objectifs poursuivis dans les projets, ces investigations permettent de réaliser une détection ciblée d’espèces virales ou bien de s’engager dans des approches plus génériques, notamment par l’exploration du virome (séquençage haut débit). Cette expertise en étiologie virale permet à la fois d’alimenter les recherches poursuivies dans les deux autres axes thématiques de l’unité et de proposer un diagnostic-conseil auprès de professionnels par le biais de la plateforme PROPHYLE.

L’équipe s’intéresse aux processus écologiques, épidémiologiques et évolutifs en étudiant les interactions des virus avec leur environnement à différentes échelles spatiales : plante cultivée, parcelle, bassin de production, continents. Elle cherche à identifier les principaux déterminants des dynamiques épidémiques en combinant différentes approches comme l’estimation de l’incidence, la prévalence et la sévérité de la maladie, l’analyse de la diversité génétique virale, le rôle des plantes réservoirs, l’identification des espèces d’insectes vecteurs (en particulier les pucerons), l’estimation des processus de dispersion et le lien entre processus démographiques et variabilité environnementale. Elle s’appuie sur des pathosystèmes modèles et émergents, principalement des virus transmis par puceron (CABYV, CMV, WMV), et s’investit sur le terrain dans des campagnes d’échantillonnage de plantes cultivées, de plantes sauvages et de piégeages de vecteurs. L’équipe dispose d’un système d’information dédié (Virobase) qui permet d’assurer la traçabilité des échantillons du terrain jusqu'à l'analyse moléculaire en passant par le diagnostic et la gestion des collections. L’équipe s’investit dans l’identification et le suivi spatio-temporel des virus et des variants viraux, notamment par des approches de métagénomique, permettant de répondre à des questions d’écologie virale sur le fonctionnement des épidémies. L’équipe s’appuie également sur des expérimentations en laboratoire pour caractériser finement certains processus épidémio-évolutifs en conditions contrôlées, comme la vection et la transmission virale.

Un volet important des travaux de l’équipe concerne la caractérisation de nouveaux types de mécanismes ou de gènes contrôlant l'immunité des plantes (résistances et tolérances quantitatives, gènes contrôlant la robustesse de l’immunité face à des stress environnementaux) et des mécanismes évolutifs impliqués dans la durabilité de cette immunité, notamment en s’intéressant aux conséquences de la dérive génétique contrôlée par la plante hôte.
Elle s’appuie pour cela sur différentes approches : génétique fonctionnelle, génétique quantitative (analyses d’association à l’échelle du génome – GWAS : genome-wide association studies), évolution expérimentale. A l’échelle du bassin de production agricole, l’équipe évalue diverses stratégies de déploiement de variétés résistantes vis-à-vis de leur efficacité et leur durabilité. Elle dispose pour cela d’outils de modélisation mathématique comme le package R landsepi, qui simule la propagation et l’évolution d’agents pathogènes (virus et champignons) dans un paysage agricole diversifié. L’équipe se mobilise également dans la mise au point et l’évaluation de stratégies de gestion combinant plusieurs méthodes de lutte (lutte génétique, lutte biologique, gestion de la fertilisation azotée…).

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